Réjean Ducharme est devenu un de mes écrivais préférés. Je n'ai lu que deux livres de lui, mais ils sont vraiment jouissifs !
Il écrit d'une façon merveilleuse, avec plein de néologismes et de grands mots que je ne connaissais pas.
Pour faire court, entrons de suite dans le vif du sujet, le livre
l'avalée des avalés. Celà raconte la vie d'une fille que l'on suit de l'enfance à l'âge adulte. Bérénice, qui a un frère, Christian, un père Juif (Endberg) et une mère Catholique (Chat mort). Les parents se sont attribués l'éducation des enfants : le père s'occupe de la fille et la mère du fils. Ils se servent de leurs enfants pour mieux se disputer. Tout au long du livre on assiste à leurs déchirements en filigranne.
Tel qu'il m'a parlé au coeur, il semblerait que Bérénice souhaite tuer ses sentiments pour ne plus souffrir le monde affreux. Car pour elle :
- Citation :
- "Aimer veut dire "éprouver". Aimer veut dire "subir". Je ne veux pas subir. Je veux frapper. Je ne veux pas souffrir.
Elle rejette tout ce qui pourrait être amour, cette
"diarrhée de jérémiades" qui servirait à reboucher un
"vide amer qui se fait dans l'âme" ; ou bien si elle s'y abaisse elle
"[aimera] sans amour, comme si [elle était] quartz". Parce que
- Citation :
- "Quand on a été fait indifférent, méchant et dûr, on ne peut pas être sensible, charitable et doux."
Elle devient un peu solipsiste :
- Citation :
- Il n'y a de vrai que ce que je crois vrai, que ce que j'ose croire vrai.
. Et tout au long du roman, de sa vie, elle essaie de convaincre des gens à sa doctrine, avec plus ou moins de succès.
Elle est envoyée par ses parents en divers lieux, pour l'éloigner de son frère sur lequel elle a une mauvaise influence. En effet, elle l'aime trop. C'est d'ailleurs la seule personne pour laquelle elle avoue ressentir quelque chose.
Arrive le moment de son adolescence, elle découvre les différences entre les sexes, ce qui la pousse à penser que
- Citation :
- "Le dimorphisme sexuel devrait se limiter à la longueur des pieds."
S'éloignant toujours plus de sa famille et de tout ce qui l'aime, elle avoue vers la fin du livre :
- Citation :
- "J'ai un besoin de tendresse surhumain et monstrueux. Cependant, le rire que j'ai qui rit de la tendresse que je veux est encore plus surhumain et plus monstrueux."
Je vous laisse la jouissance de savourer ce merveilleux bouquin, et de découvrir qui triomphe, de l'amourectomie (ça, c'est mon néologisme) ou des sentiments...
Eh oui, quand on aime les livres c'est qu'on s'identifie aux héros... que voulez-vous, quand on se sent flatté, on ronronne !
En tout cas, on en frissonne de bonheur. Ah, quel mirifique cynisme !