Hyperréalisme

Au départ de ce sujet, je voulais faire un article uniquement sur Gilles Esnault, peintre français que j'ai découvert par hasard en écrivant l'article sur l'étymologie de l'expression "Limoger", car il y était question d'un Esnault, mais un Gaston.

Et puis je me suis souvenu d'un artiste que j'avais découvert dans la bibliothèque maternelle, Norman Rockwell, qui m'avait, à l'instar de M.Esnault, nûment fasciné.

De là, j'ai décidé d'ouvrir mon investigation sur l'hyperréalisme en vous présentant quelques oeuvres des dits artistes, ainsi que d'autres, butinés au fil des pages.

Alors commençons :
La peinture est différente de la photographie.
D'accord, c'est une lapallissade.

Mais si les techniques se distinguent aisément, il est parfois ardu de différencier le résultat de ces techniques.
Je parle ici de la peinture dite hyperréaliste.

Qu'apporte la peinture lorsqu'elle ressemble à s'y méprendre à de la photographie
Y-t-il un intéret particulier ?

D'après les initiateurs de ce mouvement, états-uniens, l'hyperréalisme est un travail à partir de photos, bien sûr, mais bien différent de celui de photographe. En effet, la photographie, une fois prise, est figée (bien qu'avec les logiciels de retouches d'image d'aujourd'hui, ce ne soit plus vrai). Or la photographie à partir de laquelle travaille le peintre hyperréaliste est très souvent modifiée et il ne s'agit en aucun cas d'une "représentation mécanique" de ce que l'on voit.
Il y a aussi que la photographie est instantanée. Les photographes recherchent évidemment des saisons, des moments de la journée qui peuvent les amener à faire preuve de patience, mais malgré ça, la prise de l'image ne requiert que la pression sur le bouton.
Le peintre hyperréaliste quant à lui, pour obtenir un résultat qui de loin, ou pour un oeil non averti, peut paraître identique, mettra des heures de travail, parfois des semaines, des mois peut-être. Ainsi le tableau acquérira une personnalité propre, "une vision intensifiée et densifiée de ce qu’il représente".
Je pense pour ma part que l'hyperréalisme est admirable d'un point de vue technique. Savoir que ce que l'on regarde est l'oeuvre d'une personne qui a utilisé uniquement son pinceau, bien qu'il y ait souvent utilisation d'un rétroprojecteur, est souvent incroyable.

Les thèmes des peintres hyperréalistes sont souvent, du fait de leur art, des représentations de la vie de tout les jours. On pourrait ne pas y voir d'intéret, mais malgré tout, les peintures que je vais vous présenter sont véritablement impressionnantes

Bref.
Des mots, toujours des mots ! Alors j’abrège et vous présente quelques oeuvres.


Une ballade en forêt, selon Gilles Esnault. Le tableau s'appelle "grybnickis".


Après la ballade, il faut rentrer à la maison. Heureusement, il ne s'est mis à pleuvoir que lorsque nous étions à l'abris. Cette peinture s'appelle "peinture à l'eau", toujours de Gilles Esnault.
Les peintres hyperréalistes aiment jouer avec les reflets, les déformations occasionnées par l'eau, le métal, un miroir...


Jacques Bodin, "De dos XVIII". Plutôt que de traiter les visages, Jacques Bodin décide ici et dans une grande partie de son oeuvre, de s'ateler à la difficulté des cheveux.


Norman Rockwell et son célèbre repas de famille. Non, ce n'est pas une photographie.


Ici, toujours Norman Rockwell et sa plus fameuse illustration, publiée dans le journal Look, représentant une petite fille noire américaine se rendant à l'école escortée par des agents fédéraux, en pleine période ségrégationniste.

Je ne vais pas surcharger d'image cet article et finirai donc par vous citer le tableau de Gustave Courbet, "L'origine du monde" dont vous avez probablement déjà entendu parler. Je sais qu'il y a des âmes sensibles sur ce forum et ne me permettrai donc pas de la publier du fait de son caractère érotique, choquant pour les puristes à la croix de bois. Je pense malgré tout qu'il faut connaitre "l'origine du monde" et son histoire, car cette toile surgit dans une période de remise en question des valeurs morales. Le tableau eut un impact à la fois artistique et social, qui dure encore de nos jours. Il suffit d'apprendre que ce tableau est à l'origine de plusieurs romans pour s'en rendre compte.

références :
www.gillesesnault.com
wikipedia
hyperrealism.net
www.jacquesbodin.com
etc.

Ouah, hé, "l'origine du monde" il ne serait pas au musée d'Orsay ? Du temps où j'étais Panamienne, j'y suis allée avec la classe


C'est vraiment époustouflaflifiofiufiant (et je pèse mes mots) ces tableaux. Mais le problème doit venir de ce qu'ils sont trop parfaits. Ca ne doit pas interesser les gens parce qu'il doivent se dire que c'est une photo, image banale, et ils ne s'arrêtent pas à les contempler. En clair, si on ne sait pas que ces illustrations sont peintes on n'y prête pas attention. J'avais aperçu le repas de famille, dans un livre de français sans doute...

Une chose un peu différente mais pas tant que ça (pardon pour les puristes à la croix de bois, toujours eux mais qui sont ils ? qui idéalisent l'art à main et blâment l'éléctronique). Les créateurs du "monde de Némo", vous savez, l'histoire du poisson-clown en images de synthèse, ont si bien recréé la mer sur leur ordi qu'on n'aurait pas dit un film d'animation. Alors ils ont enlevé un peu de précision pour qu'on se rende compte que c'était du créé-par-ordi !

C'est pour cette raison que je suis tombé sur Némo durant mes recherches !
Je n'avais pas fait le rapprochement, mais je suis tombé plusieurs fois sur des images du film et je ne voyais pas le rapport.

Je n'y ai pas prété attention, sur le coup, car un film d'animation n'avait rien d'hyperréaliste pour moi.

Cela explique peut-être ceci.


L' "Origine du monde" est effectivement au musée d'Orsay depuis 1995.

Justement, au premier abord, ces images paraissent extrêmement banales. Tellement banales que l’on est obligé de se demander quel est leur intérêt !

Quand on ne sait pas que ce sont des peintures, on pense évidemment à des photos, mais qui seraient des photos presque sans intérêt.
Quelqu’un qui regarde ces images, il est soit au courant de leur particularité, soit il se pose des questions et fait des recherches. Sinon c’est un ignorant qui le restera !


Par exemple, la femme de dos, si c’était seulement une photo, je ne vois pas quel serait le talent du dit-artiste.
Or, on apprend qu’il s’est attelé à la dure tâche de peindre des cheveux.
Et le résultat est impressionnant !!!


Cela dit, le tableau nous montre son talent immense de peintre, mais je trouve dommage que la photo n’aie pas plus d’intérêt que cela…

L'un des points importants de l'hyperréalisme, c'est le sujet représenté.

Il est communément admis qu'un peintre hyperréaliste doit matérialiser des scènes de la vie courante. C'est souvent le cas, mais il est remarquable que la façon dont ce sujet, banal au demeurant, est peint lui confère souvent une identité nouvelle, du fait d'un agrandissement, d'un cadrage spécial, etc.

Mais j'ai aussi le contre exemple avec Norman Rockwell qui représente des sujets souvent engagé politiquement, comme la petite fille noire, ou cet autre tableau qui à première vue, seulement, semble être une banale scène de la vie familiale :


Voici un autre point de vue, trouvé sur le site d'un peintre que je ne qualifierais pas personnellement d'hyperréaliste, ce qui n'enlève rien à son talent : Frédéric Gracia.

[...] Les œuvres hyperréalistes ne sont ni émouvantes, ni touchantes - seulement "vraies". L'hyperréalisme exprime par son regard clinique, dénué de sensations émotionnelles, une observation souvent acerbe de notre civilisation. [...] Le décalage observé par le spectateur [entre la peinture et la photographie] l'interroge alors sur sa perception du réel.

Je vous invite à lire le texte en entier, très instructif et pas si long qu'il n'y parait, sur cette page puis en cliquant sur Trompe-l'oeil et enfin sur Le Chat. Vous pourrez ainsi admirer l'une des toiles de cet artiste.

Tiens l'on vient de me faire découvrir à ce sujet ce lien, sur lequel j'ai particulièrement apprécié le travail de cet artiste .
A vos yeux.